
Un agent immobilier revient sur le cas d'anciens clients qui n'ont pas suivi ses conseils au moment de l'estimation. Trois ans après, leur bien immobilier est toujours en vente.
Les agents immobiliers ne cessent de le répéter aux propriétaires : vendez votre bien au juste prix. Un conseil simple, certes, mais pas toujours appliqué. Car si les professionnels parviennent à garder un regard objectif sur la valeur du bien, c'est bien plus difficile pour vous, propriétaire, qui y êtes émotionnellement attaché. "Le propriétaire a tendance à n'écouter que les avis de ses amis ou de ses voisins, qui confirment son prix élevé", explique Ori Chamla, cofondateur de l'agence Licorne - Voir l'immobilier autrement à Marseille.
Et le cas de ses anciens clients en est un exemple typique. En mai 2022, un couple souhaite vendre sa maison à Marseille. Avec une superficie de 175 mètres carrés et une vue sur la mer, les vendeurs espèrent en tirer 1 150 000 euros. Pourtant, quand Ori Chamla vient avec un confrère d'une autre agence, leur estimation commune est de 930 000 euros. "La maison était mignonne mais pas très moderne, il fallait prévoir quelques travaux d'amélioration, se souvient le professionnel. Elle était sur trois étages et la vue sur la mer n'était accessible qu'au dernier."
Des caractéristiques que l'agent immobilier avait présentées à ses clients. "Je comprends ce que vous dites, mais je vais essayer quand même de la vendre à ce prix", lui rétorquent-ils. Ori Chamla n'a alors pas d'autre choix que d'accepter. "J'ai mis le bien en vente à 1 150 000 euros, en me disant qu'on allait pouvoir rapidement réajuster. Finalement, j'ai compris trop tard que les propriétaires ne voulaient pas toucher au prix. À ce moment-là, j'ai décidé de lâcher le mandat, car je n'y croyais pas à ce prix-là."
Le professionnel a-t-il eu le nez creux ? "Le problème d'un bien positionné trop haut, c'est qu'il devient celui qui permet de vendre les autres biens", analyse-t-il. S'ajoute à cela un effet d'usure de l'annonce : un bien qui reste sur le marché pendant des mois, puis des années, perd toute attractivité. Les acheteurs se méfient et se disent "s'il ne se vend pas, c'est qu'il y a un problème". "C'est la porte ouverte à des négociations au rabais, estime Ori Chamla. Alors que si le bien avait été au bon prix et qu'il avait intéressé une vingtaine de personnes, on n'aurait jamais reçu d'offres aussi basses."
Trois ans après, le couple tente toujours de vendre sa maison. "Ils ont changé plusieurs fois d'agence et baissé le prix, d'abord à 1 090 000 euros, puis à 1 050 000, à 1 000 000 euros et, aujourd'hui, il est affiché à 890 000 euros." Malgré ces baisses successives de prix, leur bien ne se vend toujours pas. Pendant ce temps, les clients ont payé trois années de taxe foncière et de frais pour maintenir le bien en bon état. "Je pense qu'ils vont finir par le vendre à 840 000 euros, soit 90 000 euros de moins que l'estimation initiale."